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La trilogie dystopie-fantasy de Vic James : Les Puissants

par | Juin 27, 2019 | Classe 10, Classe 8, Classe 9, Fantasy et Dystopie, Pédagogie Waldorf-Steiner, Ressources Adolescents | 0 commentaires

Les puissants – Esclaves (tome 1)

Un jour, mes filles sont rentrés de la médiathèque avec Les puissants (tome 1). C’est une trilogie dont les tomes sont successivement parus aux éditions Nathan en 2017, 2018 et 2019.

S’il m’est désormais difficile de lire (contrôler…) tout ce qu’elles lisent – d’une part, je leur fais confiance, d’autre part, elles ne sont plus de toutes petites filles -, nous discutons énormément de nos lectures respectives et, de par ces conversations, je me dresse un eliste de tout ce que je souhaite lire et découvrir (avec ou sans a priori).

J’ai souhaité leur transmettre des valeurs ; elle se les sont appropriées dans une très large mesure. Cependant, il n’empêche que je suis face à deux jeunes filles qui ont une quinzaine d’années, bien différentes de la jeune fille que je fus moi-même, à une époque elle aussi bien différente, et avec des parents très différents eux aussi…

Dans ma conception de la parentalité, je me dois autant d’aller à leur rencontre qu’elles-mêmes à la mienne. Alors il m’intéresse beaucoup de découvrir un certain nombre de livres qui ont un grand succès aujourd’hui auprès des adolescents, des jeunes adultes et, de plus en plus, auprès des adultes. La trilogie Les puissants constitue un de ces livres.

Succès énorme en Grande-Bretagne où cette trilogie est née, le premier tome est paru en 2017. A mi chemin entre fantasy (Les Égaux ont des pouvoir magiques) et dystopie (leur société, contrairement à ce que laisse penser leur appellation, est inégalitaire et pratique, entre autres, l’esclavage presque sans vergogne).

L’aspect politique de cette société a beaucoup d’importance dans le tome 1 où l’on retrouve finalement le contexte de vie de l’auteure Vic James, qui occupe un poste dd direction dans le télévisuel anglais et côtoie, de par son travail, certains millionnaires de la planète.

Venant d’une classe laborieuse (père travaillant en usine et mère ayant abandonné ses études pour l’épouser), mais ayant accéder à la prestigieuse Oxford, Vic James insuffle à un de ses personnages principaux, Abi, une jeune femme de 18 ans, des expériences semblables à celles qu’elle a elle-même connues. Sa connaissance du monde politique anglais et de ses modes de fonctionnement (mysogynie, finances, etc…) ont largement influencé son livre.

Sans cet arrière-plan, je n’aurais peut-être pas accordé autant d’importance à cette lecture dans laquelle j’ai eu du mal à entrer. Il est bien vrai que la dystopie peut (et doit) servir notamment à introduire auprès de nos adolescents une critique des dérives des sociétés actuelles. C’est un point fort que je reconnais amplement à ce genre littéraire.

Autre point positif de la trilogie Les puissants, l’auteure a une bonne plume, ce qui demeure très important pour moi qui n’adhère pas à l’écriture généralement utilisée dans la littérature jeunesse. Un style épouvantable (mais pourtant édité) gâche considérablement à mes yeux une intrigue qui aurait pu être passionnante. C’est un écueil auquel on échappe avec Les puissants même si ce n’est pas non plus une oeuvre poétique… L’intérêt de l’oeuvre résidant surtout dans la critique d’une société telle qu’elle est menée par Vic James.

Au début, comme je vous le disais plus haut, j’ai eu du mal à rentrer dans l’histoire du fait de son caractère horrible : chaque habitant qui n’est pas un Égal (sorte d’aristocratie magique), doit donner dix ans de sa vie en esclavage. Qui dit esclavage dit généralement conditions de vie épouvantables, humiliantes et déshumanisantes…

Finalement, j’ai dévoré le tome et attendu impatiemment le tome 2, ayant passionnément eu envie de savoir comment les trois personnages principaux, Vic, la jeune femme, son frère Luke, un peu plus jeune, et leur jeune soeur de 11 ans, Daisy, allaient évoluer.

Certains passages sont assez forts (la séparation familiale au début du livre, la condition de « l’homme-chien »…) et peuvent être choquants.

A mon avis, ce n’est pas un livre pour les jeunes adolescents ; 14 ans avec pas mal de maturité me paraissent un minimum, d’autant que l’arrière-plan politique est des plus intéressants à commenter avec des adolescents qui, justement, ont commencé à s’intéresser au monde politique, ses modes de fonctionnement publics et occultes, ce qui semble dominer le monde…

Les puissants

Les puissants – Les Égaux (tome 2)

Le deuxième opus de la trilogie Les puissants (paru en 2018)  nous plonge dans une histoire excitante, pleine de rebondissements. Les actions s’enchaînent avec beaucoup de dynamisme. L’intrigue est très bien menée ; l’écriture de Vic James est agréable, fluide et d’un bon niveau.

Je me suis régalée à lire ce deuxième volet. On plonge davantage encore dans les intrigues politiques avec ce volume. Le monde politique, son manque d »authenticité, ses travers et alliances opportunistes, y sont décrits avec réalisme.

On ne peut s’empêcher de faire le parallèle avec les « puissants » qui gouvernent nos sociétés occidentales. Si la description est fidèle à ce qui se passe dans nos mondes politiques occidentaux, marqués par le manque de confiance des gouvernés envers les gouvernants, on peut aussi faire des comparaisons avec le sort tragique des personnes ordinaires (les sans dons) qui voient leur vie manipulée et brisée sans scrupule par des intérêts particuliers, égocentriques, mais au nom de l’intérêt général.

Le cynisme des « puissants » dénués de coeur n’est malheureusement pas une fiction. Vic James, en tant que journaliste, dépeint extrêmement bien un monde cruel qu’elle connaît bien.

Il y a là matière à dialoguer avec nos grands adolescents qui ne sont pas dupes du fossé existant entre gouvernants et gouvernés, au moment où, bien souvent, ils découvrent en littérature « Le contrat social » et tout ce sur quoi nos démocraties occidentales sont censées reposer…

Bien sûr, cette analyse n’occulte pas l’histoire passionnante de ce volume, l’intérêt que l’on peut avoir à suivre l’évolution des personnages principaux dont les courageux Abi et Luke. On voit aussi évoluer le rôle de tous les protagonistes, les sympathiques comme les plus odieux, les dignes comme les indignes… avec beaucoup de surprises et de retournements.

Ce deuxième volet est un peu plus violent (violence physique et situations d’exploitation sexuelle explicites bien que décrites sommairement). De toutes les façons et définitivement, cette trilogie n’est pas pour les jeunes adolescents.

Les puissants

Les puissants – Libres (Tome 3)

Le dernier épisode de la trilogie Les puissants est brillamment mené par Vic James. Les événements se précipitent, les trajectoires de vie se dessinent nettement maintenant.

J’apprécie l’incursion plus présente de la fantasy dans ce volume, avec des passages assez merveilleux, oniriques, mais toujours sur fond dystopique très net.

A la lecture de cette trilogie, je comprends beaucoup mieux l’engouement des adolescents pour la dystopie (je parlais de mes a priori dans l’article introduisant cette nouvelle rubrique à destination des adolescents et de leurs parents). Nous vivons dans des sociétés où les inégalités sont importantes. Les adolescents d’aujourd’hui le savent et cela génère chez eux beaucoup d’inquiétude, de questionnements souvent sans réponses. Chez ceux qui n’ont pas une famille soutenante et structurante derrière eux, les comportements auto-destructeurs font souvent leur apparition.

En tant qu’adulte de plus de 50 ans, moi-même il m’arrive d’être désespérée de l’état de notre société (inégalité, exclusion, haine, racisme, prospérité toujours plus grande des plus riches et paupérisation toujours grande des plus pauvres…) Il m’arrive de me sentir impuissante devant la force et les moyens de nos gouvernants. Dans ce dernier volet, Abi parle de son sentiment d’impuissance, ce qui a beaucoup résonné en moi.

Alors, je comprends d’autant plus que les jeunes gens ont besoin que nous soyons des adultes authentiques, sensibles, vivant avec des valeurs et les transmettant à la jeunesse, par des actions justes.

Voilà, je referme ce tome 3 riche de cette réflexion grâce à cette trilogie que je préconise à partir de 14/15 ans minimum.

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- Monique

méditations

Crédit photo Aurore de Hulster