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L’adolescence en IEF avec la pédagogie Steiner

par | Déc 26, 2019 | Pédagogie Waldorf-Steiner | 5 commentaires

L’adolescence en IEF avec la pédagogie Steiner

Cela fait quelques temps que j’avais envie de vous parler de manière un peu plus personnelle de l’adolescence en IEF (Instruction en Famille) avec la pédagogie Steiner.

Lorsque j’ai eu mes filles, j’avais très, très, très peur de leur adolescence ; surtout au regard de ce qu’avait été la mienne : une adolescence mal passée, douloureuse… J’étais une adolescente fragile, dépressive et chargée d’une enfance difficile. En outre, le déni de mon haut potentiel et de mon autisme ne pouvait pas, dans tous les cas, me permettre de m’épanouir.  Jusqu’à l’âge adulte, j’ai été un être tourmenté ; j’avais tendance à penser que toutes les adolescences ressemblaient de près ou de loin à la mienne.

Pendant longtemps, je n’ai pas voulu d’enfants ; et d’ailleurs, je ne pensais pas dépasser les 30 ans.

Or, je les ai largement dépassés. Je suis devenue maman à 36 ans. Les grandes aventures de la parentalité, de la gémellité et de l’IEF, ont alors débuté : passionnante, d’une richesse infinie, pleine de remises en question et d’accomplissement. Moi qui suis une éternelle chercheuse, je suis comblée.

Pas un seul jour, je n’ai ressenti de l’ennui ; pas un seul instant, j’ai regretté l’investissement sur tous les plans, la fatigue intense de leurs premières années de vie, le travail de préparation important pour les instruire en famille, le temps passé à me former, etc…

Pourtant, au début, j’ai eu souvent très peur de la responsabilité qui m’avait été confiée d’accompagner ces deux êtres merveilleux vers leur bonheur, promesse que je m’étais faite en les attendant.

A mesure qu’elles grandissaient, je voyais arriver l’adolescence tant redoutée, avec leur éventuelle souffrance de vie, leurs éventuels déchirements et conflits, leurs éventuelles relations distordues, voire terribles….

Mais, néanmoins, à mesure aussi qu’elles grandissaient, j’ai vu tout ce que notre démarche de vie, à mon mari et à moi-même, permettait de créer. Notre choix d’utiliser la pédagogie Steiner n’avait pas été un choix par défaut ; c’était un choix conscient, étayé par nos réflexions sur la vie, sur ce que nous souhaitions en terme d’accompagnement de nos enfants…

Nous voulions pour elles l’épanouissement de leur potentiel, la possibilité pour chacune d’elle de se trouver par une démarche intérieure, de construire leur personnalité véritable, de sentir à quel point elles sont l’une et l’autre unique, authentique…

La pédagogie Steiner nous y a beaucoup aidé, même si, en amont, notre philosophie de vie et notre spiritualité respectives ont été les causes premières.

Petit à petit, mes craintes se sont apaisées ; ma confiance en elles, en leur potentiel, en celui de mon mari et dans le miens, s’est installée. Nos liens à tous les quatre, leur qualité, m’ont apaisé. La résilience demande beaucoup de temps.

Je ne veux pas dire que notre vie est rose et dénuée de tout obstacle. Ce n’est pas vrai et ce n’est pas ce que je cherche à transmettre : l’adolescence en IEF avec la pédagogie Steiner possède aussi ses moments de difficultés. Nous avons face à nous deux êtres dotés d’une grande personnalité, sachant très bien négocier !

Elles sont l’une et l’autre bien reliées à ce qu’elles veulent – ou ne veulent pas ! – ; deux êtres particulièrement singuliers ; respecter cette singularité, l’aider à se déployer face aux adversités inévitables, et à se transformer en construction pour sa vie et non en destruction, demande des efforts, de la réflexion, de la confiance, des remises en question…

Chacun connaît des épreuves et il y a une attitude positives à trouver face à elles. Elles deviennent alors le terreau d’une transformation humaine profonde qui affecte toute la famille et bien plus encore.

Néanmoins, très (trop) souvent, je ne reconnais pas mes adolescentes dans la littérature qui circule sur l’adolescence.  Les littératures qui me touchent et s’en rapprochent le plus, sont mes lecture issues de la mouvance anthroposophe, celles issue des neurosciences dont l’éclairage sur la diversité cognitive notamment ne peux plus être laissé de côté, et les apports qu’une philosophie de vie telle que la nourrissent nos spiritualités, basées sur le coeur, développe en nous en tant qu’être humain.

Dans celles-ci, la majorité des clichés peu profonds et sclérosants sont laissés de côté, nous épargnant les vues à court terme. Les références crétines à « l’âge bête » nous sont fort heureusement épargnées. L’adolescence est présentée pour ce qu’elle est : une phase de développement et de bouleversement d’une intensité inouïe.

Là, des ponts sont possibles entre ce que j’observe chez mes deux jeunes filles, chez leurs bonnes amies, et ce que je lis. Il est clair que la généralisation fait beaucoup de mal, notamment pour la compréhension de cette phase cruciale de l’adolescence.

Les phénomènes de groupe générés par un État qui ne comprend l’éducation que comme la formation d’un être normé (le gentil petit salariés au garde à vous devant les seuls intérêts économiques) ne permet pas d’accompagner les enfants vers leur autonomie existentielle, vers l’acquisition de leur plein potentiel, vers la découverte intérieure de leur être ; au contraire, cela génère beaucoup de souffrance et de malaise dans la société. Malgré toutes les bonnes personnes qui survivent (on se demande parfois comment) dans l’Éducation Nationale, celle-ci n’est plus en mesure d’aider les enfants.

Elle passe littéralement à côté d’eux, le phénomène s’aggravant encore plus lors de l’adolescence. L’État produit des générations d’enfants sacrifiés, amputés. Jamais au cours de la Vème République les inégalités ont été si vives, jamais les enfants ont été aussi mal face à des pédagogies complètement inadaptées à leurs besoins, malgré ceux qui s’en sortent grâce à leurs grandes facultés d’adaptation et grâce aux parents qui les suivent et se battent pour eux… Les autres sont noyés dans la masse du mal être général, collectif, intensifié par la pression pour se conformer, se normaliser. On ne leur laisse plus le temps, on ne les nourrit plus ; ils sont une marchandises, rien de plus.

Pourtant, cela ne semble pas bien compliqué :

  • une éducation basée sur le dialogue
  • la relégation aux oubliettes des punitions, de toute violence comme méthode éducative
  • le recours à une pédagogie créative et humaniste
  • la préservation de l’enfance à l’égard de tout ce qui peut être une manipulation et une utilisation de celle-ci par les intérêts privés, financiers, comme les grandes marques commerciales ; je me souviens avec écoeurement d’une jeune institutrice mal dégrossie de la maternelle de notre village qui basait « son projet pédagogique » sur les bonbons d’une grande enseigne et qui était outrée qu’on le conteste.. quelle pauvreté, quelle misère intérieure !
  • la préservation de leur enfance avec beaucoup de temps de jeux libres, notamment dehors, et aussi de de jeux de société avec les parents ! Savez-vous qu’à certains endroits, on réintroduit les jeux de société à l’école parce que les enfants ne savent plus ce que c’est ?
  • l’accès contrôlé aux écrans
  • de grands moments de lecture tous ensemble
  • le partage de beaucoup de moments du quotidien : tâches ménagères, potager, préparation des repas, étendage du linge…
  • des moments de calme, soit en se détendant sans rien faire, soit en peignant tous ensemble, ou en réalisant un travail manuel…
  • et clairement, pour les adultes accompagnants, l’approfondissement non seulement d’une philosophie de vie personnelle, mais aussi de la connaissance de notre intériorité, de notre histoire personnelle… être dans une démarche de résilience personnelle.

Il y a nécessairement un renversement des valeurs à opérer si nous voulons que nos enfants aillent mieux, que notre société aille mieux, que l’Humanité aille mieux. Mais ce qui est compliqué c’est l’aménagement par les adultes de leur vie, de sorte qu’ils puissent permettent cette résilience. Cependant, il n’y a pas d’autre issue.

Aujourd’hui, nos filles ont un peu plus de 15 ans. Selon la pédagogie Steiner, c’est peut-être le passage le plus difficile à négocier (par exemple, sur le blog de Carrie, The Parenting Passageway). Il y a des soubresauts, des découvertes avec des remises en question nécessaire.

Il arrive que les tons puissent s’échauffer, et même que les larmes coulent ; il y a des incertitudes, et des enjeux, des inconnues… Il arrive qu’elles renâclent à la tâche…. en somme qu’elles fassent leur job de jeunes filles de 15 ans ! Mais la constante est la suivante : nos deux jeune filles sont généralement heureuses, fraîches, ouvertes, gentilles, conscientes, curieuses, réfléchies… capables de beaucoup de gaieté et de douce folie.

Avec mon mari, nous nous disons que si nous vivons là le moment le plus délicat, la « pire période », eh bien,  franchement, ça va ! Je le crois d’autant plus que tant leur père que moi-meme n’avons cessé d’approfondir la vie, ses mécanismes, le sens des obstacles et des épreuves…. Je crois que le pire, c’est la stagnation dans des attitudes rigides, l’absence d’esprit de recherche et le défaut d’intériorité…. La magie ne peut alors tout bonnement pas être à l’oeuvre.

Il y a vraiment une autre réalité de vie à découvrir avec les enfants et les adolescents, à montrer et à promouvoir…

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Crédit photo Aurore de Hulster