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Retour sur une première année d’instruction avec Clonlara

par | Août 8, 2021 | Pédagogie Waldorf-Steiner | 2 commentaires

Première année d’instruction avec Clonlara

Il y a quelques temps, dans notre groupe IEF du Finistère, j’ai promis de faire une rétrospective sur notre expérience auprès de Clonlara. Notre fille E. y est inscrite depuis un an. Cet article vient compléter l’article introductif que j’avais fait il y a quasiment un an.

E. est une jeune fille adorable, intelligente, et très, très, particulière.

Dès leurs premières heures avec nous, nous avons constaté que nos filles avaient chacune une personnalité bien à elle. Vivre auprès d’elles n’a fait que confirmer cette perception précoce. Qu’on ne me dise pas que les nourrissons n’ont aucune personnalité !

Notre choix de les instruire en famille depuis leur plus jeune âge a permis à chacune de cultiver cette personnalité et, surtout peut-être, de la laisser éclore,

Ce choix d’instruction a aussi permis qu’elles vivent en toute liberté bien des plans de leur jeune existence :

  • Leur relation gémellaire.

  • Leur besoin de jouer et de grandir à leur rythme

  • Leur besoin de temps pour aborder certains apprentissages académiques, étapes que la progression Steiner sait si bien respecter et rendre harmonieuses

  • Le non étiquetage et la « dépathologisation » de leurs spécificités

Au fil des années, elles ont chacune pris leurs marques ; leur relation gémellaire a subi les aléas si bien décrits par Fabrice Bak pour laisser émerger davantage leur être unique et respectif. Ce n’est pas facile à négocier pour les jumeaux, ainsi que pour les parents accompagnants, mais la patience, la non précipitation, et le dialogue sont des bases fondamentales.

Pour E., cette énorme métamorphose de l’adolescence et l’autonomisation d’avec sa jumelle ont laissé apparaître des enjeux et des défis qui lui sont propres, des forces et des vulnérabilités qui lui sont propres. Cela s’est traduit notamment par un mal être, et un sentiment de ne pas réussir à s’adapter aux demandes académiques de l’Éducation Nationale.

Après discussion et réflexion, avec elle et entre nous, parents, E. a souhaité entamer des dépistages relativement à son profil cognitif. Le premier que nous avons fait a été un dépistage auprès d’une psychologue spécialisée dans le haut potentiel. Il en a résulté un profil cognitif qui nous a beaucoup aidé à mieux comprendre ce qui se jouait pour elle.

Le second dépistage a consisté en un bilan sensoriel qui a révélé ses hypersensibilités, certaines assez invalidantes, ainsi que la nécessité d’une assistance par ordinateur pour tous les travaux d’écriture et un 1/4 temps si elle se trouvait en condition d’examen.

Enfin, également conseillé par ladite psychologue, nous avons exploré la piste d’un éventuel TSA dont E. pouvait être porteuse ; ce qui a été confirmé par l’équipe compétente qui a procédé à ce dépistage-là. Nous sommes donc désormais deux Aspies à la maison !

Durant cette année de démarches très intenses, et par rapport à la difficulté que traversait notre fille, nous avons bien compris que lui mettre une quelconque pression aurait été totalement contre-productif ; ce d’autant plus que les forces intenses de l’adolescence étaient à l’oeuvre en elle. Le lâcher-prise s’imposait au préalable chez nous, parents.

A l’issue de toutes nos discussions et de ce qui ressortait des différentes démarches mises en oeuvre, nous lui avons proposé de l’inscrire à Clonlara parce que cette école conduit à obtenir le High Diploma américain, ce qui lui ouvre la possibilité si elle le voulait de faire des études supérieures.

Bien nous en a pris, car, en un an, la renaissance amorcée par les dépistages s’est poursuivie : nous avons vu notre fille se remotiver à apprendre et s’épanouir ; sa créativité a commencé à renaître ; sa personnalité s’est progressivement dévoilée et affirmée.

E. est une personne très singulière. Comme telle, elle a encore parfois du mal à se sentir adaptée dans une société qui ne renvoie pas beaucoup de valeur aux personnes différentes. Pour m’être sentie longtemps une personne inadaptée (Aspie + HP, ça fait mal…), je le comprends avec toute ma vie. Son papa qui est HP le comprend aussi avec toute la sienne.

Pour elle et nous, ce qui était motivant, c’était que la façon dont E. apprend était totalement respectée. En effet, E. doit avoir une rééducation pour que l’écriture soit moins difficile pour elle ; nous sommes toujours dans l’attente du retour de la MDPH qui prend des mois pour statuer sur son sort et accorder les budgets pour l’ergothérapie qui n’est pas remboursée… Sans commentaire concernant la lenteur de tout ce système…

En attendant, E. apprend beaucoup par le visionnage de documentaires, ce qui est complètement admis et intégré dans le système de Clonlara.

Autre point important : E. est ce que l’on appelle une « hyperlectrice » (plusieurs centaines de livres lus par an qu’elle chronique régulièrement sur son profil Instagram) ; cette facette de sa personne est elle aussi complètement intégrée par Clonlara.

Enfin, E. a ce que l’on appelle des intérêts restreints ; le système de Clonlara permet de les mettre en valeur et de les intégrer à l’instruction de l’enfant.

En fait, Clonlara offre une personnalisation complète de l’instruction de l’enfant et, pour des enfants comme E., c’est hautement appréciable.

Les enseignements sont comptés en terme de « crédits ». Chaque année, l’enfant a un certain nombre de crédits à réaliser. Certains sont obligatoires ; par exemple, le crédit de mathématiques ou celui relatif à la langue maternelle, le Français pour nous. D’autres sont optionnels et permettent ainsi une grande personnalisation des enseignements de l’enfant.

Qui plus est, dans le cadre d’un crédit obligatoire, – prenons les mathématiques par exemple -, l’enfant peut complètement personnaliser ce qu’il va apprendre. Ainsi, E. a notamment exploré le cas des femmes mathématiciennes.

Il nous arrive d’imaginer ce qu’elle serait devenue dans le système scolaire français classique ; voilà ce que j’entrevois : dépression, comportements d’opposition conséquence d’une pression pour se conformer, fatigue extrême due à la sur-adaptation (donc génératrice de dépression), pathologisation de sa « lenteur », de ses hypersensibilités, de sa difficulté à écrire à la main, de ses intérêts restreints, de la colère légitime qu’elle pourrait ressentir, spirale de l’échec et du sentiment de dévalorisation…

Ce que j’ai moi-même expérimenté, en grande partie, durant ma scolarité avec tous les dommages qui en ont résultés…

Sur ce chemin atypique, Clonlara est là pour nous accompagner avec beaucoup de gentillesse et de professionnalisme. Pour ceux qui le veulent, il y a régulièrement des réunions par Zoom, sur des thèmes particuliers.

L’équipe francophone est toujours très disponible pour répondre aux questions et nous guider. Cette équipe a aussi toujours à coeur de nous rassurer ; et pour une famille d’atypiques comme nous qui avons connu du rejet en raison de nos singularités, c’est on ne peut plus précieux.

Alors, sincèrement, nous n’avons aucun regret ni aucun doute sur le bien-fondé d’avoir inscrit notre fille à Clonlara. C’est une alternative pour tous les parents d’enfants différents qui peinent à s’intégrer dans un système éducatif trop normatif et pénalisant pour les profils cognitifs différents.

Crédits photo : Elisa Riva sur Pixabay.

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Crédit photo Aurore de Hulster